El Bolson ? « C’est un village hippie qui vaut le coup d’œil. Il s'y fabrique beaucoup de bières artisanales car le lupulo (houblon) pousse à profusion." Sur les conseils des locaux, on décide d’y aller.
Le village est à 200 km. On y part en auto stop, sac et tente sur le dos.
8h15. On est sur le pont, au bord de la route ; le pouce levé et sourire jusqu’aux oreilles. Le sourire est l’une de nos techniques pour inspirer confiance aux automobilistes dubitatifs ! Et elle fonctionne, en 5 minutes, un homme au volant d’un Ford pickup des années 70 s’arrête. Avec lui, on parcourt 15 km, jusqu’à rejoindre la fameuse route 40, qui mène au Bolson.
En un temps record, un second chauffeur freine et nous dit de monter ! Celui-ci part pêcher, depuis des années, il pratique la pêche sportive en Patagonie. On papote un peu et voilà déjà l’heure de se quitter. Lui, tourne à droite ; nous, devons continuer tout droit.
Au bord de la route, nous levons une nouvelle fois le pouce. Et à peine le temps d’éplucher une banane qu’une troisième auto s’arrête. Comme nous, il va au Bolson. Sergio grimpe devant, moi à l’arrière.
Moi, à l'arrière du Kangoo.
Dans l’auto de Luis, les km défilent à vive allure ! Il connaît la « route 40 » comme sa poche, depuis des années, il l’emprunte pour aller travailler. Tandis que Sergio fait le copilote, moi je me cramponne à l’arrière. Et dieu, que ça tangue dans le Kangoo !
11h pétante, nous voilà au Bolson. A ce stade de la journée, nous avons dépensé 0 centimes. L’expérience n’était pas désagréable, on est montés dans un beau pickup Ford des années 70, on a découvert la pratique de la pêche sportive et avons fait du rallye dans une Renault Kangoo.
Le Bolson se découvre en un coup d’œil. Un marché artisanal, deux fois par semaine, et beaucoup de brasseries familiales.
Le reste? Des épiceries, snacks et quelques kiosques.
Ses habitants sont principalement hippies, et déambulent le pète au bec, têtes rasées ou dreadlocks au vent.
Ce jour-ci, Sergio avait plutôt adapté le look "bon garçon".
On avait prévu de rester deux jours et une nuit = On restera trois jours et deux nuits.
Jour 1. Découverte de la ville et rando aux extérieurs d’El Bolson.
Rio Azul, petit fleuve tranquille où il fait bon venir se détendre.
Autant dire que j'étais concentrée car en plus de mon vertige, plusieurs lattes manquaient ou n'avaient pas de fixation.
"Ouh la petite nature! "
Coup de coeur pour cette maisonnette du bonheur; entourée de fleurs et plantes colorées.
Jour 2.
Réveil dans notre toile de tente, vue sur la nature.
Sergio en extase devant le houblon. Il pense déjà à sa prochaine bière.
Sur les coups de midi, on se met en route pour rentrer à Bariloche.
Mais problème, notre plan autostop ne fonctionne pas comme prévu. Cela fait 1h30 qu’on lève le pouce et qu’on n’a pas bougé d’un km. On se croirait à la pêche, des heures de patience pour zéro touche. On aurait bien besoin d’un coup de pouce ahah !
15h. Nous voilà toujours là, au soleil, comme deux morues en train de sécher. On décide de passer au plan B : trouver un car pour rentrer. Mais pas de bol, celui de 17h est complet et il ne reste qu’une place dans celui de 20h30.
On est deux… aie ! Ça sera ensemble ou rien, on reste les deux au Bolson.
On reprend notre courage à deux bras, et tentons une dernière fois notre chance à l’autostop. Entre temps, on s’accorde une pause pizza et bière fraîche.
Malgré les péripéties, on reste en mode touriste, en mode photo et se marre toujours !
18h. Une voiture bien pourrie, le coffre à moitié ouvert, s’arrête. C’est une famille d’hippies, qui part dans notre direction. On monte, de toute façon on n’a pas 36000 autres solutions. Leur fille, assise à l’arrière avec nous, s’appelle Amancay, comme la fleur jaune de Patagonie.
Dans ses bras, elle tient un chiot. Que c’est mignon, on sent revenir la tendresse, la chance ! Mais voilà qu’au bout de 15 min, la petite s’amuse à ligoter les pattes du toutou avec du mouchoir en papier. Chelou non, pour une petite de 4 ans ? Je stoppe mes pensées.
Quelques minutes plus tard, "la famille Ingals du Bolson" arrive à sa destination. Elle nous dépose à l’intersection d’un chemin de terre et de la route 40 : « Ici, vous devriez avoir plus de chance pour continuer » nous disent-ils.
Plus de chance ? Au milieu de nul part ? Les commerces et habitations les plus proches sont à des km. Autour de nous, que des arbres, même pas un chat. Bon, après tout, qui dit route, dit voitures non?
Mon enthousiasme retombera au bout de 45 minutes...puisqu'on est toujours planter là.
La nuit tombe, je nous imagine déjà passer la nuit ici. Et en guise de pompon, on n’a plus rien à manger et presque plus d'eau.
Je commence à penser qu’on ferait mieux de rentrer au Bolson. De un, on pourrait réserver nos places pour le bus de demain ; de deux, on aurait de quoi se ravitailler en eau.
Sergio approuve, on rebrousse chemin, direction El Bolson. Et comme par hasard, dans ce sens, une voiture nous prend en stop.
20h. On est à la gare. Le gars du guichet annonce que tous les cars de demain sont complets sauf celui de 9h30. Le trajet est effectué par une compagnie pas vraiment ponctuelle, mais c'est mieux que rien, on réserve.
21h30. On est claqués, en mode zombis. Comme une béta, j’ai laissé la carte bleue à la casa et on a dépensé nos derniers « pesos » dans les tickets de bus. L’hostel, où l’on pensait dormir et au delà de nos moyens. On retournera planter la tente au camping d’hier.
Jour 3. On se lève aux aurores pour replier tout le barda. Direction la station de bus, heureux comme deux papillons. Tout se déroule à merveille. Le car, censé être retard arrive même à l’heure. Nos sacs à dos sont en soute, il nous reste plus qu’à prendre place sur notre siège. On se regarde avec Sergio en se disant que ça y est, la chance est revenue.
Jusqu’au moment où…où l’on m’interdit de monter dans le car. Raison toute simple, je n’ai pas mon mon passeport original sur moi, juste la photocopie : « Celle-ci n’est pas valable pour les voyages en Argentine. » m’informe le contrôleur.
Je bondis, car hier, le vendeur des tickets m’avait dit que si, que c’était possible ! Personne ne veut rien entendre. Je pète un plomb. Et pour rajouter du piment à l’histoire, les parents de Sergio arrivent chez nous à Bariloche, en fin de journée ! La maison n’est pas rangée, bref c’est la merde.
On reprend nos sacs à dos et notre bonne vielle tente Quechua. On respire un grand coup mais…rien ! Il n’y a rien à faire ! On n’a plus une tune, je n’ai pas mon passeport et faire du stop est devenue mission impossible.
Sergio regarde partir le car, sans lui à bord ! La faute à la petite française qui voyage sans son passeport ahahah
Heureusement, il y a toujours une solution. Sergio reçoit une sorte d’illumination. Il me dit de l’attendre sur un banc, lui part en courant je ne sais où.
30 minutes plus tard, le voilà dans une remise (sorte de taxi bon marché). Il me fait monter à l’arrière, le chauffeur me salut puis on s’écroule de fatigue.
Toute le trajet, je me demande comment est-ce que c’est possible qu’on soit dans un taxi alors qu'on n'a pas d'argent liquide ni de carte de crédit/débit sur nous.
En arrivant à Bariloche, Sergio me dira qu’il a retrouvé de l’argent au fond de son sac à dos.
Crinière au vent, en Patagonie, les dadas sont libres comme l'air.
La preuve, ici sur"la ruta 40".
MORALE DE NOTRE SÉJOUR AU BOLSON
1ère morale : À vouloir compter ses sous, on se retrouve parfois à dépenser beaucoup plus.
2ème morale : En voyage, ne jamais sortir sans son passeport original.
3ème morale : Même si on n’y touche pas, c’est bien d’avoir une carte bleue sur soi.
Et pour termine : IMAGE EMOTION !
Une famille du Bolson est venue dire au revoir à leur petit dernier. Pour info, le bus dans lequel il monte, se trouve juste derrière le camion. N'allez pas croire que j'ai perdu la vue ni la boule !
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